Pays de départ, d’accueil et surtout de transit de migrants subsahariens, le Niger a connu au début des années 2000, un phénomène nouveau avec le développement d’une migration féminine, notamment dans sa partie méridionale. En effet, c’est à Kantché, un département de la région de Zinder, dans le centre-est du pays, que des femmes accompagnées souvent d’enfants partent pour l’Algérie, leur principale destination. Jadis marginal, le phénomène met un coup d’arrêt à une vieille tradition dans cette zone où ce sont de jeunes hommes de 18 à 40 ans qui partaient en exode saisonnier, après la récolte du mil, vers les villes voisines du Nigéria, où ils exerçaient des petits métiers du prolétariat urbain. Les revenus tirés de cet exode, permettaient aux familles de faire face aux dépenses courantes pendant la période de soudure. Mais avec l’insécurité qui sévit depuis quelques années dans ce grand pays sahélien en proie aux attaques meurtrières de Boko Haram et à une récession économique, les bras valides de Kantché se sont résignés pour certains, à changer d’itinéraires. Depuis, c’est la migration des femmes et des filles qui s’est accrue. Quelles en sont les raisons ?
Un rapport d’étude socio-anthropologique traitant de la migration des femmes et des enfants de Kantché vers l’Algérie publié par l’OIM en 2016 relève d’une part qu’en dehors de l’agriculture pluviale, « les opportunités d’emploi sont très limitées et peu attrayantes » ; et d’autre part, que « l’émiettement des terres de cultures sur lesquelles les populations continuent d’appliquer des techniques culturales dépassées contribuent au très faible rendement des terres ». Selon les auteurs, « les départs en migration apparaissent une des solutions saisies par les populations pour répondre à leurs besoins de survie ».